dimanche 14 février 2016

La Prise de Constantinople : aujourd'hui ?

Prise de Constantinople


Le musée panoramique qui nous renseigne sur la prise de Constantinople a une place symbolique, puisqu’il se situe à l’endroit même où le Sultan Mehmet II et son armée ont entrepris la prise de Constantinople. Construit en 2007, il reconstitue fidèlement les événements du  29 mai 1453, date de la victoire glorieuse de l’armée ottomane face à l’enterrement de Constantinople. Cette date marqua la chute de Byzance et la naissance d’Istanbul. En effet, l’Etat turc mise énormément sur sa richesse historique et sur son infrastructure, à la fois fortifiée et ensorcelante, afin de développer le tourisme culturel. D’ailleurs, sur la place Mehmet Fatih qui regroupe le palais Topkapi, le musée Aya Sofia et la mosquée bleue, nous avons rencontré des touristes de toutes les nationalités : des chinois, français, allemands, espagnols…

La visite fut riche en émotions. A peine le seuil de la salle franchi, nous fîmes éblouis par la reconstitution réalistes des différentes étapes de la bataille qui nous plongea dans un autre monde. Les différents éléments de la scène sont peints sur les murs qui se prolongent tout autour de la coupole. La composition de cette œuvre grandeur nature, laissait voir au premier plan une armée ottomane mobilisée et déployée sur tout l’espace, alors que les soldats byzantins sont relégués en arrière plan. Cette représentation ne laissait pas de place au doute, les jeux étaient faits, les soldats byzantins portaient sur leurs visages les traces de la défaite imminente.




Le musée a été pensé de manière à permettre aux visiteurs de se projeter dans les faits, en lui fournissant outre la fresque gigantesque, des éléments palpables tels que des canons qui étaient une artillerie très développée à l’époque, ou des haches, des épées, des arcs et des flèches. 



Sur son cheval blanc décoré d’un harnais orné d’émeraudes, le sultan Mehmet II est vêtu somptueusement d’une cape, rouge vif, décorée de filaments d’or, accompagnée d’une épée dorée incrustée de pierres précieuses. Quelle opulence ! 



Le portrait du sultan Mehmet II el Fatih se devine dans le ciel du musée, puisqu’on a pu distinguer dans les nuages les traits de son visage surplombants la scène. Cette image céleste du Sultan nous a rappelé l’inscription qu’on a déjà vue au palais Topkapi « l’ombre du Sultan est comme l’ombre de Dieu », se prenait-il pour le représentant de Dieu sur Terre ?  




À toutes ces émotions qui se bousculent, s’ajoutent en sourdine une musique entrainante et dynamique, des bruits de pas de chevaux, des hennissements, des coups de canons et d’obus… qui renforcent le vivant de la scène.


La basilique Sainte-Sophie

La basilique Sainte-Sophie

La basilique Sainte-Sophie d’Istanbul date de l’époque byzantine. Elle fut  un lieu de culte chrétien du temps de Byzance et un lieu de culte musulman après la conquête de Constantinople. La présence des symboles religieux chrétiens et musulmans coexistent pour créer une atmosphère de tolérance et de paix. Une grande mosaïque ornés d’ors, représentant Jésus se trouve à l’entrée de basilique, en haut de la porte principale.



Alors que les noms des califes, Hassine et Hussein, Abou Bakr, Omar, Osman et Ali, descendants directs du prophète, ainsi que le prophète lui-même et Dieu sont inscrits en or sur les médianes et les diagonales de la basilique. Leur taille et leur emplacement attiraient l’attention !


Notre surprise fut grande lorsqu’on aperçut plus loin, entre le nom de Dieu et du prophète une représentation de Jésus. La position de ces trois éléments nous interpelle et nous pousse à la réflexion. Pour quelle raison, les ottomans ont gardé et mis en valeur les figures du christianisme au lieu de les détruire ?


Etait-ce parce les musulmans, reconnaissent Jésus comme l’un des prophètes monothéistes qu’ils décidèrent de ne pas se séparer de son image, ou bien parce qu’ils désiraient garder ces œuvres comme une richesse historique ?

Mais voici une autre explication : après la prise de Constantinople, le sultan Mehmet voulant transformer en toute vitesse la basilique en mosquée, il ordonna de couvrir les mosaïques avec du plâtre. Bien loin de les détruire et de les effacer à jamais, le plâtre contribua à conserver et à protéger les mosaïques.